Jean ANGUERA (2014) |
Parler de la sculpture est facile s’il suffit de la décrire. En la décrivant on découvre celui qui l’a faite. Sans doute l’a t-il faite avec sa force, avec ce qu’il est physiquement, mais surtout avec les composantes de son esprit, avec les façons dont sa pensée rencontre la réalité - une réalité tout autant intérieure qu’extérieure.
La sculpture d’Alban Lanore tient à l’application de la force de l’homme à la douceur charnelle du bois, à l'application de la décision et de la vitesse mécanique de l’outil au songe silencieux et à la lenteur interne du matériau organique. C’est sans doute qu’Alban Lanore associe en lui deux natures : celle abstraite et rationnelle d’un esprit droit qui trouve son expression dans le tranchant de l’acier, dans la radicalité du métal, et la nature imaginative semblable à la souplesse mélancolique mais secrètement résolue du bois. Dans sa sculpture ces deux caractères s’expriment en s’opposant, et non en se conciliant, formant une esthétique du contraste. Le dessein secret du bois subit les aplats et les angles imposés par le sculpteur. Il se moule à l’intérieur des formes et toutefois au delà des interruptions, des brusques changements, au-delà des arrêtes nettes, il prolonge son cours originel.
Alban Lanore est grand, solide, certainement courageux. Face à son travail, aux goûts qui fondent sa sculpture, à l’opposition de ses caractères, il reste libre puisqu’il assume pleinement le choix de ses formes et de son matériau. Et sa liberté est belle à voir !